retour au calme...

Une forêt verdoyante et calme… Voilà ce que voulait trouver le directeur des Lapis-Lazuli en se promenant de si bonne heure le matin.
Ses pas, qui le mènent calmement au sous bois, deviennent incertains au fur et à mesure que la traversée s’entame. Son regard se tourne sur les arbres, remonte le long des troncs et examine les feuillages, l’écorce et la terre.

Vêtu d’une longue tunique de satin bleu blanc, le directeur se tien de son allure droite, presque fier, le visage serein et fin, la chevelure détachée, laissée au grès du vent qui souffle lentement entre les arbres froids. Ses iris argentées détaillent les lieux, comme s’il les eu vu pour la première fois… quelque chose ne va pas ici.
L’homme à la haute stature replie un pan de son voile contre son bras replié, évitant que ce dernier ne traîne sur le sol jonché de feuilles mortes. Longeant le sous-bois, il reste un moment à distance de la forêt puis rejoint le lac, pensif.

Il a été absent ces derniers jours, de nombreuses affaires au royaume des cieux requéraient son attention, notamment un grand chamboulement au royaume sombre… Des choses importantes si déroulaient, et il semblait qu’aucun des partisans de ce domaine n’eu été en capacité à répondre aux attentes du ‘gouvernement d’entente’.

Astarté s’éloigne de la forêt verdoyante, laissant son visage se découvrir à la lumière de l’aurore. Le fond de l’air frais revigore le corps et l’esprit… C’est finalement vers le lac qu’il se repose, prenant place sur quelques rochers plongeant vers l’onde. Ses pieds nus glissent sur le liquide froid pour s’y immerger jusqu’à la cheville. Profitant de ce moment de calme pour fermer les yeux, Astarté médite…

Ou sont donc ses élèves ?

Invité

Une belle journée qui s'annonçait. Arrivée à Cairn la veille, Saturnine s'était pour le moment faite plutôt discrète. On disait que des vampires et autres créatures vivaient dans ces couloirs... Mais quelle idée ! Il ne manquerait plus qu'elle tombe sur un ange déchu et le tableau serait complet ! L'école avait beau être neutre d'un point de conflit magique, il y avait tout à parier qu'elle aurait des ennuis si elle tombait sur quelqu'un qui l'identifierait comme traîtresse. Ahh, c'était pas simple...
Habituée à se lever tôt, il n'y avait rien d'étonnant dans le fait qu'elle soit déjà dehors de bon matin, à profiter de la fraîcheur. Et donc la voilà hors des murs, dans le territoire tout de même autorisé de l'établissement, marchant calmement dans l'herbe en observant les cieux dégagés. Elle fait le tour des lieux, observe ce qu'elle a déjà vu depuis une certaine hauteur avec un autre regard, laisse ses yeux trainer sur des détails, des choses qu'elle n'avait pas repérées.

Ses pas finissent par la mener à l'orée de l'une des forêts, à laquelle elle s'arrête. Les arbres sont magnifiques, les bois sont verdoyants, on y ressent un sentiment de sécurité. Apparence trompeuse? Elle ne perçoit rien de menaçant, et se demande un instant pourquoi son accès est interdit, sans toutefois le remettre en cause. C'est étrange...
La repentie secoue un instant la tête et se tourne vers une autre direction, suivant sans s'en rendre compte les pas que quelqu'un a déjà faits plus tôt. Un vent frais vient secouer sa longue tunique blanche et bleu pâle, qui tombe sur ses mollets en laissant à découvert ses chevilles et des ballerines blanches elles aussi. Ses cheveux noirs sont toujours coiffés de la même manière sobre, ses yeux réflètent son calme et sa tranquillité d'esprit. Elle est détendue, bien qu'elle ne soit ici beaucoup moins en sécurité qu'aux cieux.

Enfin, la voici qui arrive en vue du lac. Ses yeux lâchent la contemplation des nuages, et tombent sur une silhouette très familière. Une silhouette qui en rappelle une autre, qui ferait naître la peur dans l'esprit de n'importe qui. Mais lui non, il inspirait plus la confiance, le calme et suscitait son admiration. Ces longs cheveux blancs, cette présence qu'elle ressentait jusqu'ici, ce port droit et fier... Aucun doute, il s'agissait de Maître Astarté.
Il a l'air immobile, les pieds dans l'eau, et Saturnine stoppe ses pas un mètre ou deux derrière, comme hésitant à s'approcher. Il a l'air plongé en pleine méditation, aussi préfère-t-elle ne pas le déranger, quitte à ne pas le saluer. Courbant légèrement l'échine en signe de respect – vieux réflexe de démon – elle recule d'un pas, s'apprêtant à les tourner vers le parc, qu'elle n'a pas encore parcouru.
Il y aurait pu y avoir un signe divin pour lui dire 'non, ne pars pas !', afin qu'elle converse avec le Maître et puisse savoir la situation actuelle aux Enfers, déjà très chaotique quand elle s'en était allée. Ou savoir s'il y avait des menaces directes dans l'école. Mais non, il n'y eut aucun signe divin.
Par contre, il y eut bien quelque chose, faut pas déconner non plus, on va pas laisser la situation rester désespérément platonique – et puis, il faut bien une raison pour faire rester cette petite peste. A vrai dire, j'ai plusieurs idées. Y'a celle du sanglier qui déboule de la forêt pour les attaquer, mais avouez que c'est tiré par les cheveux et assez improbable. Après, y'a celle d'un élève qui se noie, mais c'est encore plus improbable. Mais j'ai trouvé mieux. Oui oui oui. Vous connaissez tous les fées, non? Les fées des bulles, les fées des fleurs, les fleurs des champs... Hm Bref. Les fées de l'eau sont une espèce souvent très discrète et, quand elles ne le sont pas, elles sont assez... Farceuses et facétieuses. Bon, maintenant que vous avez compris le principe, il faut savoir que Souverain des enfers, Maître angélique ou petit clampin qui passait par là, elles ne font pas la différence, les choupinettes. Et les voilà donc en train de sauter, non pas sur Astarté – aha, j'vous ai eus – mais sur Saturnine, dans le but visible de la faire tomber à l'eau. Une petite vingtaine, qui étaient sorties de l'eau d'un coup, tirant la démone de toute part ; démone qui, prise au dépourvu, grogna sans discrètion, essayant de les faire partir en gardant son calme, les décrochant une à une avec délicatesse... Sauf qu'elles reviennent à la charge.

« Non mais... Vous êtes gentilles, j'ai pas envie de jouer... »

Mais non, ça s'accroche... Et nous en connaissons une qui sera toute désolée d'interrompre Maître Astarté en pleine méditation.

Une légère brise, qui fait onduler sa chevelure aérienne et scintillante... ses voiles se soulèvent avec souplesse alors que son visage reste silencieux, immobile, serein. Les yeux fermés, le directeur des Lapis-lazuli inspire et expire cet air qui se trouble... cette atmosphère qui transporte les parfums, les odeurs étranges et qui en dit tellement long sur l’histoire de la terre lorsque l’on est à même de décrypter les sens des vents, de l’eau, le frémissement de la terre et des végétaux.

Alors qu’il se concentre, pour effleurer le message que la nature lui transmet, une voix brise un lien. Rouvrant calmement son regard dans le vide, Astarté monte ses iris sur une demoiselle.
Lentement, le directeur redresse sa silhouette fine et harmonieuse, repliant ses bras pour maintenir ses voiles en place. Notant avec un petit sourire l’action qui se déroule sous ses yeux, il baisse le visage et fait quelques pas vers la demoiselle.
Les fées des eaux visent une nouvelle cible en plus de la jeune élève. Astarté en recueille une au creux de l’une de ses paumes, laissant les autres tirer sur ses voiles sans qu’il ne chancelle.

La créature vaporeuse rie et se tortille sous le regard que lui porte l’homme qui la recueil. Le symbole sur le front du directeur scintille et il ne suffira que d’une seconde pour que les fées relâchent leurs ‘proie’ pour retourner à l’eau en chantant et riant.
Le regard gris argent d’Astarté se reporte sur la demoiselle rescapée, ajoutant d’une voix aérienne :

« Apprendre à connaître son environnement et à lui parler… c'est la première règle du voyageur.
Je ne suis pas un, mais je côtoie bon nombre de personnes… et mon éducation n’est pas à faire. »

Il tend une main douce à la demoiselle et ajoute d’un même ton cristallin :

« Je suis Astarté, le directeur des Lapis-Lazuli. A qui ai-je l’honneur de m’adresser ? »