Eloïse après avoir présenté ses salutations au groupe d’ecclésiastiques avec lequel elle voyageait, reprit sa monture et partie en direction de l’école. Elle devait à présent se présenter la bas et essayer de collecter des informations pour son compte.
Elle s’arrêta devant les lourdes portes de Cairn et contempla la hauteur.

*ça fait quand même une belle entrée…*

Elle regarda sa tenue, ôta la poussière de son pantalon, lissa sa veste et tira sur ses gants blanc. Il lui fallait être irréprochable dans son entrée. Cela lui remémorait son entrée à Daimos sauf que sa délégation avait été reçue par plus de personnel et que déjà les remarques cinglantes envers Daimos fusaient.

Lorsqu’elle avança, les portes s’ouvrirent d’elle-même, ce qui n’était pas pour lui déplaire. Lorsqu’elle passa l’entré le vent qui la suivait s’engouffra dans la salle et souleva les cheveux de la jeune femme.
Elle ne prêta pas trop attention à la décoration et chercha du regard directement ce qui l’intéressait. Celui ou bien la chose qui ferait office de secrétaire et pourrait la renseigner sur comment passer son séjour ici à Cairn.

Une fois la cible en vue, elle se dirigea d’un pas décidé vers le bureau. Avec une voix délicate qui correspondait tout à fait à sa morphologie elle salua la personne en face d’elle.
« Bonjour ! »

Daniel avait été complètement brusqué par ce qui venait de se produire, il était tombé de sa chaise emportant avec lui quelques dossiers. Il se replaça dans son fauteuil après avoir ramassé ce qu’il venait d’entrainer dans sa chute, remis un peu d’ordre dans son apparence puis soudain, la porte s’ouvre. Une demoiselle s’approche de lui puis le salue.


« Bonjour mademoiselle, puis-je vous renseigner ? »


Il était habitué aux imprévus et donc, avait su faire face à la situation, il avait su jongler entre « tremblement bizarre » et « nouvelle personne à renseigner », sans rien laisser paraître, à part peut-être son habituel air surbooké et un sourire de bienvenue.

Eloïse s’approcha du secrétaire et l’examina de la tête au pied. Elle se tenait bien droite devant l’homme et le regardait dans les yeux. On pouvait voir à sa façon de se tenir le coté militaire de son éducation. Elle laissa glisser un doigt sur le bureau puis commença à expliquer sa situation.

« Je suis Eloïse Oblivion, je viens à vous pour proposer mes services ! »

Elle afficha un sourire et un vent léger et parfumé passa près de Daniel, quelque chose de doux et floral. Elle baissa les yeux et regarda s’il y avait une trace de souillure sur son index qu’elle avait passé sur le bois du bureau il y avait quelques secondes.

*Au moins c’est propre, c’est déjà ça…*

« Je suis en voyage et je compte séjourner par ici, on m’a dit que cette école cherchait un journaliste… Peut être puis je faire l’affaire je n’ai que peu d’expérience en la matière mais je suis une personne assidue, qui aime l’ordre et la rigueur et j’ai un gout très prononcé pour tout ce qui relève de l’investigation. Pensez vous que mes qualités pourraient être utiles et rechercher pour ce poste ?

*J’en ai peut être trop fait surtout pour une novice… J’aurais peut être du être plus réservée… tempi si ça foire je trouverai bien une autre solution…*

Sur ces mots elle ne lâcha pas Daniel des yeux, attendant sa réponse.

Daniel observait la jeune femme face à lui d’un regard attentif. La requête qu’elle lui proposa le surprit un peu…

*On cherche des journalistes ? Ha ! Bah un de plus pourquoi pas…*

Le majordome avait déjà relevé quelques anomalies au sein de Cairn… dont notamment la mort de ces deux élèves… Encore heureux qu’elle ne fusse pas partie de la haute administration en tant qu’inspectrice. D’ailleurs, que faisait le directeur de Cairn ! Avec les soucis qui se tramaient… et Daniel qui n’avait toujours pas reçu d’ordres ou de nouvelles. Il passerait à son bureau un de t’ces quatre… et même sous peu.
Se raclant la gorge, le secrétaire baisse les yeux, replace ses lunettes de l’index et ajoute :

« Bien… Nous avons déjà un journaliste à Cairn, du nom de Arsène Valland. Si travailler avec un coéquipier ne vous dérange pas, vos bureaux seront une même pièce.
Nous avons quelques affaires qui peuvent requérir vos capacités. Contacté Arsène pour en savoir plus. »

Baissant les yeux sur son bureau, il feuillette quelques dossiers et ralentit le mouvement, dénotant un déplacement à ses côtés. Déviant son regard sur un elfe de maison, il stoppe toute action.
La créature est à rang fixe, le regard perdu dans le vague.
Cette race d’elfes de maison est très sensible à la magie qui les entours… et Cairn connaît un bouleversement que peu peuvent démontrer.
Tirant une feuille en reprenant le cours des choses, l’air interrogatif mais caché pour lui, il termine :

« J’aimerais que vous lisiez et signez ce formulaire, c’est juste pour l’administration. Vous n’êtes pas élèves et donc serez intégrée en tant qu’invité. Si vous voulez une chambre nous vous en préparerons une.
Je sais qu’Arsène à un appartement au village, mais faite attention, nos voisins sont plutôt méfiants en ce qui concerne la magie… et le trouble plane sur leur cité. »

Eloïse écouta le majordome avec attention, puisqu’elle était là pour récolter des informations autant travailler en tandem avec un spécialiste, même si elle était plus à l’aise seule.

« Je serais ravie de rencontrer ce Arsène Valland ! » répondit-elle avec un aimable sourire.

Eloïse regardait le secrétaire dans les yeux et suivit son regard qui se posa quelque seconde sur l’elfe. Elle ouvrit la bouche dans l’intention d’articuler sa pensée mais se ravisa et ne sortit pas un mot.
*Ils sont dégoutants et moches… C’est fou que l’on puisse travailler avec ce genre de créature, en plus il a l’air malade….*
Eloïse cacha ses pensées derrière un sourire. Elle avait déjà vu des elfes de maison comme lui à Daimos mais il n’y en avait pas chez elle, dans son pays aussi n’étant pas familière avec ces créature elle ne releva pas ce comportement anormal.

Lorsque Daniel lui remit le formulaire et l’examina puis pris un stylo sur le bureau et s’empressa de remplir la feuille.

«Je préfère résider ici, cela me parait plus confortable de cette façon… »

Elle ajouta par la suite :
« Puisque je vais résider ici, puis je savoir à quelles heures sont servis les repas, ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas… »

La suite de la conversation devint tout à coup très intéressante. Les longs cheveux d’Eloïse se soulevèrent un instant et la demoiselle plissa ses yeux. Les derniers mots prononcés par Daniel éveillèrent sa curiosité, elle était déjà au courant de la situation mais elle pensait qu’avoir plusieurs sources à mettre en perspective pourrait être intéressant.

« Pourriez-vous m’en dire plus ? Quel est ce trouble et pourquoi ce rapport à la magie ? »

Eloïse se sentait parfaitement à l’aise, journaliste lui allait parfaitement et lui permettaient de couvrir ses intentions.

*Voyons voyons… on m’a parlé de disparitions et de problèmes dans cette région. Peut être pourra-t-il m’en apprendre plus.*

Daniel ne répond pas tout de suite à la question d’usage de la demoiselle, pris de court par d’autres interrogations.

« Hé bien je… »

Il hésite une seconde puis reprend d'une voix légèrement plus basse:

« Le village voisin de Cairn connaît une vague de disparitions inexpliquées. Tant que notre école n’est pas mise en cause, nous n’avons aucun intérêt à nous en mêler. Pour eux, nous sommes une bibliothèque réputée. »

Marquant une légère pause, le secrétaire continue :

« Cette semaine… Cairn a perdu un élève. C’était un garçon au tempérament fort, plutôt solitaire ces derniers temps. Ses camarades ont affirmés qu’il préparait quelque chose, mais qu’aucun mot n’a été prononcé sur le sujet. La responsabilité de sa directrice est mise en cause.
Nous pensons qu’il a disparu sur les versants de la montagne sombre… mais personne n’ose vraiment s’y aventurer. On dit qu’une ombre rôde.
Hier, c’est une demoiselle qui a disparu. En vue du manque de professeur cette année, Cairn a décidé de donner quartier libre à ses étudiants… leur recommandant de réviser durant ces quelques jours de repos. »

Une goutte de sueur glisse sur la tempe du majordome qui tente de retenir une détresse profonde et qu’il se doit de cacher.

«… Selon les dires de sa meilleure amie, cette jeune étudiante, au tempérament loyale et calme, a disparu aux alentours de la forêt verdoyante. Un des gardes-chasse de l’école a fouillé les environs… mais n’a rien trouvé. »

Daniel baisse le visage. S’accoudant à son bureau, il retire ses lunettes d’une main et se frotte les yeux de l’autre.
Ses iris se reportent sur la demoiselle, terminant :

« Nous allons vus préparer une chambre dans l’aile des invités, au rez-de-chaussée. Si vous avez besoin d’aide… »

Il n’achève pas sa phrase, prenant une seconde pour observer l’elfe de maison qui se poste à ses côtés à chaque nouvelle entrée. La créature semble se débloquer, comme une machine remise en route, et replie légèrement l’échine, l’air craintif.

« … demandez aux elfes de maison. Ils sont là pour ça. »

Eloïse fut surprise que les élèves et l’école soient touchés par les disparitions. Ceci est une nouvelle étonnante qui ne manque pas à appeler d’autre question. Eloïse s’approcha plus près de Daniel et lui murmura :

« Ces disparitions sont elles fréquentes ? Qu’est ce que Cairn compte faire à ce sujet ? »

Elle pensa en son fort intérieur qu’il fallait qu’elle aille voir par là bas, là où les disparitions se sont produite. Elle recula de quelques centimètres son visage de celui du majordome afin de le laisser s’exprimer librement.

* La montagne sombre… J’irai bien y faire un tour, voir s’il n’y a pas de trace de quoi que ce soit… Mais il vaut mieux être prudent… Je n’ai aucune envie d’être la prochaine à disparaître…*

Elle avait encore des questions, car cette intrigue méritait bien que l’on puisse identifier la source de ce mystère.

« Vous ne savez rien de plus ? »

Eloïse eu une pensée pour Kortal et pensait qu’il était important de le tenir au courant de ces fait surprenant. Il fallait maintenant s’assurer que le courrier était sûr, qu’il ne se ferait pas intercepter par qui que ce soit, car la devise d’Eloïse avait toujours été « prudence est mère de sureté ».

« Si je peux vous aider en quoi que ce soit… Dans la mesure du possible, je puis vous prêter main forte ! »

Eloïse avait le sentiment, l’intime conviction qu’elle devait apporter son aide aux étudiants et qui sait peut être en enrôler pour l’IEMM si le potentiel y était.

Fréquentes ? Daniel tique légèrement à la question de la demoiselle, répondant d’un ton tout aussi bas :

« Je… pense que si un troisième élève était enlevé, nous pourrions parler de ‘fréquence’. Mais nous ne connaissons même pas la cause de ces disparitions… si elles sont liées ou non au malheur que connaît les villageois. Aucun corps n’a été retrouvé pour l’instant, en ce qui nous concerne.
Les citoyens ont enterré deux de leurs disparus, les autres n’ont jamais été revus. On parle d’une créature démoniaque et massive… rien de plus.
Il y a une semaine, un soit disant mage noir a été brûlé sur la place publique, devant l’église. Un article de journal a circulé sur ce point. Demandez-le à Arsène… il doit être sur son bureau. »

Il se racle légèrement la gorge et ajoute :

« Pour ce qui est de l’administration de Cairn, nous en sommes au point mort. Je pense qu’une réunion regroupant nos différents directeurs devrait avoir lieu sous peu…Si vous souhaitez y prendre part, il faudra vous faire recenser auprès de moi… que je vous annonce.
Mais à mon humble avis, peu de choses ressortiront de cette conférence… nous n’avons pas d’indices connus ou… révélés. »

Daniel soupir légèrement et baisse les yeux.

« Je ne sais rien de plus malheureusement… je n’ai pas été mis sur l’enquête, je ne suis que secrétaire. »

Il étire un sourire timide à l’annonce d’Eloise sur le souhait de prêter main forte à Cairn et termine :

« Je vous souhaite bien du courage… et soyez prudente. Je pense que ces disparitions ne sont qu’un cinquième du sommet de l’iceberg. »

Eloïse, toujours vigilante, assumait donc un lien potentiel entre les différents cas et y notait tout comme le lui précisait Daniel une intervention magique.
Elle reprit les mots prononcés par le majordome avec surprise.

« Une créature démoniaque et massive !? »

*Et bien… Je m’attendais à quelque chose dans ce gout là mais massive non…*

« Pensez vous que la créature agit de son propre chef ou bien elle serait à la solde d’une quelconque personne ? »

Eloïse repensa à son périple pour venir ici et les rumeurs sur l’inquisiteur, et si c’était lui qui semait le trouble ? Eloïse n’aimait pas beaucoup les religieux, surtout les inquisiteurs dont elle percevait une seconde nature trop encline au pouvoir et à la manipulation.

« Pensez vous qu’il puisse y avoir un rapport de près ou de loin avec l’inquisiteur qui réside au village ? »

Le père Simon n’en avait rien dit, pas plus que les sœurs mais ce n’était pas le cas des voyageurs qu’elle avait pu rencontrer. Elle ajouta par la suite qu’elle serait ravie de participer à la réunion organisée pour la personne.

« J’aimerais beaucoup me joindre à vous lors de votre réunion, cela me permettrait de m’introduire auprès des membres du personnel et en apprendre plus sur votre école ! »

Elle ajouta à ses paroles un sourire. Une fois que Daniel aurait répondu à ses dernières questions, elle s’aviserait de prendre congé et s’en remettrai à ces affreux elfes de maison. L’idée d’être accompagné par ces petits être à l’air sournois la fit frémir intérieurement. Mais elle ne laissait rien paraître, fidèle à sa stricte éducation.

Daniel replace ses lunettes sur le bout de son nez, répondant aux interrogations de la demoiselle :

« Heum… les seules choses que je sais sont ces rumeurs au village.
On dit que la créature est accompagnée, mais ce sont des ragots de superstitieux. Ils sont persuadés que le ‘mage noir’ qu’ils ont brûlé était à l’origine de ce fléau…
Leurs malheurs continuant à se perpétrer, ils en concluent que c’est un groupe démoniaque qui cherche à leur nuire… Certains parlent de ‘bête de l’apocalypse’, au village. Ils sont plutôt archaïques et très poussés sur la religion.
A ma connaissance personne ne la vue, mais les deux corps mutilés qu’elle a laissé derrière elle, ont donnés une expertise qui laisse pensé quelle pèserait une tonne cinq… avec une mâchoire large de bien trente cinq centimètres. »

Le secrétaire marque une pause puis reprend :

« Tout ceci est de mauvaise augure…
Pour ce qui est du Père Inquisiteur, il est l’orateur de la sauvegarde du village, par l’expiation de tous les pêchés de ses concitoyens… Son rôle, comme tous les inquisiteurs, est de chasser l’hérésie et le démon. Je n’en sais pas plus sur lui, désolé. »

Il termine sa phrase, tirant un fichier devant lui pour inscrire le nom et le prénom de la demoiselle sur une liste de concernés.

« Vous êtes notée à la réunion. Nous vous ferons savoir quand elle aura lieu. »

Eloïse hocha la tête sur les derniers mots de Daniel. Effectivement tout ceci était de mauvaise augure et si ce qui arrivait à Cairn se propageait sur l’ensemble du territoire et jusqu’à l’IEMM… Cette idée ne lui plaisait guère. Eloïse était un soldat fidèle et dévoué, elle se devait d’agir dans l’intérêt de Cairn pour mieux servir l’Orion Kortal.

« Hmmmm je comprend… Je vous remercie pour toute l’aide que vous avez pu m’apporter. Je vais donc m’en remettre à votre petit personnel ! »

Elle inclina la tête tout en prononçant ces dernières paroles et jeta un œil à l’entrée.

« Je vais aller m’occuper de mon cheval et l’emmener moi-même à l’écurie afin de lui donner les soins nécessaire. Ne vous dérangez pas plus pour moi, je m’arrangerai avec les elfes qui sont à votre service ! »

Elle ajouta poliment, avec une voix des plus douces :
« Passer une bonne fin de journée Monsieur ! »