Astarté maintient ses lèvres closes aux propos premiers de la jeune femme… Et lorsqu’elle eu achevé son deuxième discours, il détourna le visage et l’attention vers sa créature, remontant une paume rassurante et lente sur son museau. Le regard plus bas il reprend de cette même voix filante et douce :

« Ne prenez pas une simple discussion pour une trahison.
Les miens seront au courant par le besoin des arbitres, qui comme moi cherchent la vérité. Si l’information leur est utile alors ils pourront en avoir recours… mais ici rien a été dit de si provoquant ou outrageux, pour que leurs attentions se tournent vers moi.
Etant l’un des leurs, il faudrait que ma faute soit grande pour qu’ils me jugent ainsi inapte à me révéler de moi-même. »

Il reporte un regard plus appuyé sur la démone à la fin de ses paroles, la dévisageant avec sérénité.
Inclinant le visage dans un salut silencieux, il achève :

« Je vous souhaite une soirée agréable. Et que le temps qui nous séparera de notre prochaine rencontre soit moins long qu’estimé. »

Portant l’une de ses semelles sur l’étrier au flanc, il se donne l’impulsion nécessaire pour monter son cheval et rabattre sa capuche sur le haut de son crâne. Le tissus claire retombe en partie devant son regard, projetant une ombre sur le haut de son visage, d’un trait ondulé et mou.
Saisissant avec douceur les rênes, il donne un léger coup de talon et indique la route à sa créature, chevauchant au pas dans les ruelles enneigées.

- Mais, je n'ai jamais considéré cette rencontre, et même cette discution comme une trahison, murmura Thénaga pour elle-même. Mais... c'est mon petit secret...

Un doux sourire se dessina sur ses fines lèvres pâles. Le vent hivernal jouait avec ses cheveux blancs. Il était amusant de se rendre compte à quel point Astarté avait rendu la jeune femme calme et rêveuse.
Elle suivit du regard le cavalier et l'animal s'éloigner, bientôt cachés par un rideau blanc, de neige. Elle leva la main, fit un signe d'au revoir avant de s'éloigner à son tour.
Elle remonta les ruelles enneigées aux volets fermés, aux rideaux tirés. Il n'y avait plus personne dehors, hormis les quelques saoulard venant du bar et qui rentraient chez eux, un bon nombre sans se douter que leurs femmes les attendaient, furieuses, derrière la porte.
Elle jeta un dernier coup d'oeil à l'Eglise, morne, triste et imposante. La jeune femme revoyait le fantôme du Père Alexius, devant le Portail, la regardant moqueur et sévère. Elle détourna le regard, une pointe de fureur l'assaillant de nouveau et préféra presser le pas.
Enfin elle sortit du village et il n'y avait plus qu'une immense campagne recouverte de neige, avec des barrières encore apparentes et quelques touffes de hautes herbes qui luttaient pour rester hors du manteau neigeux.

S'éloignant des dernière maison, elle fit bien attention qu'elle n'était pas suivit. Elle se cacha derrière un arbre, ferma les yeux. Son corps sembla se dissoudre et disparaitre dans la neige. Elle s'en était retournée en Enfer, pour un temps.

[fin du sujet]