Voilà maintenant plus d'un mois que Diane vivait à Cairn et elle commençait vraiment à s'y plaire. Elle ne comprenait pas toujours tout aux cours et aux moeurs locales, mais s'adapter à ce nouveau mode de vie avait été très enrichissant pour elle.

Un soir, elle avait trouvé un petit mot sur son lit. Elle était convoqué à un endroit appelé "infirmerie". Elle n'avait jamais entendu ce mot, aussi elle se renseigna auprès d'un camarade qui lui expliqua que c'était l'endroit où on soignait les malades.

"Aaaah, chez la guérisseuse quoi ! Fallait le dire tout de suite."

Et elle était repartie d'un pas vif sans que son camarades ait put la corriger. A vraie dire, elle avait un peu de mal à se faire des amis. Elle espérait qu'une personne aussi érudit que la guérisseuse d'une école magique pourrait la comprendre et qu'elles auraient une discussion intéressante. Le lendemain, elle se leva de bonne heure pour ne pas être en retard au rendez vous. Elle enfila un pantalon d'équitation en cuir, des bottes bien chaudes, un petit chemisier de lin qui aurait put être très élégant si elle ne l'avait pas recouvert d'un énorme poncho en grosse laine, tricoté par maman et radical contre les rudes journées d'hiver. D'ordinaire, elle s'habillait plutôt légèrement, mais le froid arrivait à grands pas et il était bien plus rude que dans sa région natale.

Elle était un peu en avance pour la visite. Elle trouvera rapidement la porte de l'infirmerie et frappa trois coups. En attendant qu'on lui ouvre, elle fixa le petit écriteau indiquant "infirmerie" et non pas "guérisseuse" comme partout ailleurs (selon elle). Pour la jeune amazone, un art aussi complexe et délicat que la médecine ne pouvait être pratiqué que par une femme. Comment les hommes avec leur esprit limité et leurs gestes grossiers pourrait soigner les malades !

Haaaa… C’était pas un café qu’il lui fallait ce matin ! C’était toute une citerne !
Les cernes marquées et visibles que sur son œil dévoilé, le médecin ressemble plus à un mort vivant assit à son bureau, la main collée à sa tasse de café fumante.

« Bordeeeeel… Faut que j’me réveille, c’est pas possible d’être aussi plaaaaat… »

Sa voix traîne quelques notes en longueurs, tout comme le mouvement de sa paume libre contre son visage, d’un geste de bas en haut et appuyé pour lui tirer les traits. Il soupir puis redresse légèrement son échine voûtée, prête à le laisser tomber mort d’anéantissement sur le plateau de son bureau.
Seul dans la grande infirmerie rectangulaire, il veille dans la pièce d’accueil, sur le secrétaire qui sert à surveiller les malades endormis. Sa main libre vient finalement retenir sa joue recouverte d’une mèche de cheveux. Il s’y appuit et tombe dans le piège du ‘j’ferme deux secondes les yeux…’
Un ronflement se laisse entendre dans la pièce vide et lorsqu’on frappa trois fois à la porte, c'est en sursaut qu'il se redresse, faisant valser la tasse qui lui ébouillante la main.
Retenant un hurlement dernière ses lèvres, qu’il s’efforce de mordre, il se recule une seconde de son bureau à l’aide de son fauteuil et cache en silence crispé la brûlure qui lui démonte la paume.

« Bordel de…….. Mouiii !!? Arght… »

A pour sur ça venait de le réveiller, mais les cernes étaient toujours aussi marquées. Se redressant, il court presque au lavabo pour se passer la main sous l’eau froide et ajouter d’un ton plus soupirant de soulagement :

« Faut entrer c’est ouvert!…… »

A cette heure, ce devait être la dernière élève qu’il avait à consulter.

La jeune fille se tenait derrière la porte, un sourire aimable aux lèvres, attendant que la guérisseuse ouvre la porte pour lui lancer un joyeux "bonjour" suivi du petit discours qu'elle avait préparé.

*Bonjour, je viens pour la visite médicale ! Je m'appelle Diane, et je suis très heureuse de rencontrer une personne possédant autant de connaissance.*

Cela lui semblait parfait. Un chouïa nerveuse, elle tendit l'oreille pour deviner d'éventuelle bruit de pas derrière le bois de la porte. Tout ce qu'elle entendit fut d'étranges bruits de vaisselle, des bruits de pas précipités suivi d'une voix grave et visiblement agacée lui demandant d'entrer. Le sourire de Diane disparu aussitôt. Ce n'était certainement pas une voix de femme qu'elle venait d'entendre. S'était elle trompée d'endroit ? Elle fixa l'écriteau "infirmerie" avec suspicion. Pendant ce temps d'hésitation, la personne à l'intérieur devait certainement se demander ce qu'elle attendait pour ouvrir. Soudainement consciente de se détail, la jeune fille ouvrit précipitamment la porte et pénétra dans la pièce.

L'ambiance du lieu la frappa. Tout était blanc et froid, et il régnait une odeur de désinfectant assez désagréable. Diane aperçu un jeune homme aux cheveux blonds qui se passait la main sous l'eau chaude. Il avait des cernes sous ses yeux fatigués et une mine renfrognée. Toujours mal à l'aise lorsqu'elle était en compagnie du sexe opposé, elle détailla l'homme des pieds à la tête sans lui adresser la parole, pas même pour le saluer. Elle ne lui accorda ensuite plus aucune attention et chercha des yeux la guerisseuse qu'elle ne trouva évidemment pas. Aussi se reporta t-elle sur le type blond et lui demanda :

"Ben, elle est pas là, la guérisseuse ?"

Le comble de l'impolitesse. Elle ne l'avait pas saluer, ne s'était pas présentée, lui avait à peine porter attention, et n'avait même pas saisi qui il était vraiment. Elle qui s'attendait à une aimable rencontre devra gérer une conversation probablement acide avec un médecin à la main brûlé

En fait, le médecin se passait la main sous l’eau froide, contre la brûlure… et l’odeur de désinfectant qui régnait dans la salle était particulière aujourd’hui –ça aurait même du sentir le café chaud.-
Ici c’était plus la poussière de pierre que l’ont pouvait respirer, un lieu ancien tout comme le reste du château de Cairn. Seules les salles d’auscultation et de préparations avaient éventuellement cette odeur désagréable d’hôpital, mais pas pour la chambre de repos, ça non.

Le médecin se retourne vers la jeune femme entrant, haussant son seul sourcil visible à la question. Il répondit avec un sourire, semblant ne pas comprendre :

« La… guérisseuse ? Vous voulez parler de l’infirmière ? Ça fait un moment qu’elle n’est pas revenue à Cairn. Je l’ai remplacé avec mon collègue. Si votre papier d'invitation c'est mon nom que j'ai signé, je suis Jérémy Johnson.»

Se penchant sur son bureau, il invite d’un geste calme la jeune femme à s’asseoir, sortant un nouveau dossier de ses tiroirs :

« Asseyez-vous je vous en pris. Vous devez être heum… Diane c’est ça ? Vous êtes la dernière élève à me rendre visite aujourd’hui. »

Son sourire ne taris pas et la brûlure rougeâtre à sa main se dissipe rapidement.

« Je vais vous poser quelques questions rapides, votre âge, votre race, par exemple ? des antécédants médicaux? »

Un stylo au dessus du papier vierge, il reporte un regard interrogatif sur la jeune femme.

[Hors jeu : OOps ! Oui, "eau froide", faute de frappe, désolée ^^]

Malgré l'attitude inconvenante de sa patiente, le médecin lui accorda un sourire avant de lui expliquer la situation et de se présenter. Diane resta silencieuse et son visage exprima une petite deception. Elle contempla l'homme des pieds à la tête. Elle ne se sentait pas du tout en confiance, elle ignorait pourquoi mais elleavait l'impression que ce médecin n'était pas du tout compétant. Pour elle, la médecine est pratiquée par une femme très respectée, connaissant les plantes, la natures et le corps humain par coeur. Une personne avec qui on partageait une certaine proximité...presque une intimité.

N'importe quel humain normal se sentirait à l'aise face à un jeune médecin en blouse blanche, feuille et stylo à la main, prêt à prendre des notes. A l'inverse, Diane aurait préféré une vieille sorcière avec des amulettes autour du coup, faisait brûler de l'encens, prête à se mettre en transe pour chasser les mauvais esprits. Elle ne savait rien de la médecine moderne, d'où sa méfiance. Néanmoins, elle pris place en face de M. Johnson, conservant un certaine distance par son visage impassible, ses yeux froids et son silence. Elle n'acquiesça que d'un petit signe de tête lorsqu'il lui demanda si elle était bien Diane, puis ses yeux parcourir doucement le bureau, écoutant l'homme d'une oreille distraite. Des crayons, des dossiers, des feuilles volantes, une agrafeuse, une tasse de café.... c'était avec cela qu'il comptait chasser les démons qui possédait ses patients et purifier leurs corps ?

Après un bref silence, elle consentit à répondre aux questions non sans une certaine froideur :

"Je suis dans ma 20ème année et je suis une amazone en pleine forme."

Avec cette brève réponse, le medecin devrait deviner pourquoi la jeune fille paraissait si mal à l'aise en sa compagnie. Sur un ton légèrement provoquant elle ajouta.

"Et si ça peut aussi vous intéresser, je sais faire ça."

Elle approcha alors sa main d'une pile de dossier et; au lieu de la faire s'écrouler, la traversa sans dommage grâce à son pouvoir. Cette petit démonstration achevé, elle demanda d'un air malicieux :

"et vous ? vous savez faire quoi ?"

La partie transe et mauvais esprit ça pouvait arriver à Jérémy –se marre- mais pas avec les arabesques dessinéesr sur le corps et le sacrifice du poulet pour les dieux… Non non, mais niveau talismans il en avait une petite collection notable. Bref… Le médecin note bien évidement le côté rechigné de la demoiselle et lui répond toujours avec ce demi sourire… c’est une jouvencelle après tout…
Et lorsqu’elle lui répond à ses questions, il prend quelques écrits, déliant légèrement ses mâchoires à la nomination de sa caste.

*Amazone, okay… j’comprends mieux le… ptit ton sec et la mine peu conciliante. Herm… bon !*

Après ses quelques brèves pensées, il reporte un regard sur la jeune femme à ses dernières paroles et observe la main passer la table. A la suite des propos, il esquisse un sourire un poil plus gêné :

*C’est quoi ça… de la provocation ?... merde j’suis pas un mâle qui a besoin de prouver qu’il vaut mieux qu’une femme pour survivre… pas besoin de le démontrer, d’ailleurs !*

Se raclant la gorge l’air de rien, il reprend d’un ton normal, élargissant parfois le regard pour marquer quelques points avec une légère irnoie:

« Hé bien… je sais faire beaucoup de choses, un peu comme tout le monde et d’autres moins banales.
Déjà je vais vous en montrer une… qui a servie pour toutes les consultations précédant la vôtre, alors si vous voulez bien me suivre… »

Le médecin se redresse et passe dans une pièce annexe.

« J’aimerais que vous vous allongiez sur le dos, contre le lit d’auscultation et que vous dégagiez votre buste…
Mes capacités sont sur mes mains, j’ai le don de pouvoir lire l’intérieur des gens, alors je vais vérifier votre pleine forme.

Mais avant de vous allonger, si vous pouviez passer sur la balance ici et contre le mètre au mur là, j’ai quelques mesures banales à prendre. Merci. »

Un léger mouvement de tête marque son remerciement d’avance.

La politesse et le ton doucereux du médecin était suspect, Diane avait l'impression qu'il se moquait d'elle. Et bien que cela soit tout à fait justifié compte tenu de son attitude désagréable, elle se renfrogna et afficha une mine un peu boudeuse, comme une enfant qui fait la tête sans trop savoir pourquoi. L'homme se leva et quitta la pièce. L'amazone hésita un moment puis le suivi. Plus le temps passait, moins elle voyait de raison de rester constamment sur le qui-vive. Elle commençait à baisser sa garde et devenir plus raisonnable

On l'invita à se découvrir et à s'allonger. Un nouveau temps d'hésitation et puis... après tout, si tout les élèves étaient passés par là, c'est qu'il n'y avait rien à craindre. Même si l'idée qu'on « lise » à l'intérieur d'elle ne lui plaisait pas vraiment.

*Aller, ce n'est qu'un moment pénible à passer, dès que c'est terminé, je file d'ici !*

D'abord la mesure et la pesée. 1M70 pour 55 kilos (dont bien 1 kilo de chevelure...). Diane ne savait pas vraiment ce que cela importait mais elle s'exécuta en silence. Elle retira ensuite son gros poncho et sa chemise sous laquelle elle ne portait rien. Étrangement, montrer certaine partie de son corps à un homme ne la dérangeait pas. Elle qui n'en avait jamais connu et avait toujours vécu sans pudeur ne comprenait pas trop ce qui pouvait poser problème. On l'avait mise en garde contre la lubricité des mâles devant le corps féminins, mais il lui semblait qu'il fallait surtout dissimulé ce qui se trouvait entre ses jambes, elle n'aurait pas cru que le reste du corps pouvait aussi être pris en compte...

Ainsi dénudée, elle s'assit sur le bord du lit et fixa les mains du médecins, son outil de travail apparemment.

« Mais... vous allez faire quoi exactement ? Je vous dis, je vais bien. S'il y avait un problème, je le saurais non ? »

Jérémy empoigne calmement son bloc note et prend par écrit quelques remarques et données fournie par les deux instrument de mesure que la demoiselle utilise. Une fois fait, le nez encore collé à ses notes, il détache son stylo de sa feuille et le replace dans sa poche, plaçant les notes dans une autre plus large.
Reportant une attention brève sur la demoiselle, il se dirige vers le lavabo et se lave correctement les mains au savon et à l’eau chaude cette fois.
De retour devant elle, à son flanc gauche, il commence d’une voix calme:

« Bien… vous allez fermer les yeux et vous détendre en gardant le silence. »

Retroussant les manches de sa blouse blanche, il vient tendre ses bras plus bas, au niveau de la jeune femme. Il place ses paumes affleure de chair, au niveau du cœur et sur le front de la demoiselle.
Ses mains dégagent alors une douce chaleur et une lueur verte, sondant sans bouger les fluides et les énergies de la jeune femme sous elles. Refermant les yeux, gardant le menton bas et une mèche de cheveux épaisse devant la face droite de son visage, le médecin garde le silence.
L’examen durera quelques brèves minutes… et une fois qu’il pense en avoir assez vu, détache ses paumes qui perdent leur lueur et leur chaleur.

« Tout semble aller, vous êtes en forme, je confirme donc vos dires…
Car si un médecin doit toujours se fier à ce que lui dit son patient, autant qu’il se face lui-même ses ordonnances. »

Un léger sourire s’esquisse sur ses lèvres alors qu’il se détourne :

« Vous pouvez vous revêtir, jeune fille, j’en ai terminé avec vous. Si vous n’avez pas de questions, ou de remarque, vous pourrez retourner à vos occupations… »