Suite de => La nuit de rencontre.

La nuit a étendu son voile d’ombre depuis quelques heures. Les étoiles se dissipent une à une derrière le rideau opaque qu'étirent quelques nuages venus de l’Est.
Au tréfonds d’un ancien repère de dragon se célèbre une nouvelle messe.

Debout devant son autel, qui se centre au milieu d’une pièce ovale aux dimensions vastes, et surélevé de quelques marches, se tien Octarine. Vêtu de sa longue et éternelle pèlerine noire de jais, il discourt dans une langue étrange, son masque de verre reflétant les visages des fidèles présent autour de lui en arc de cercle. Un représentant de chaque race prédestinée est face à son regard, debout, visage bas et recouvert de l’ombre du tissu qui s’étend sur leur crâne.

Nero ne tarde à faire son entrée, suivit de quelques membres de son clan qui restent en arrière, ne pénétrant pas la pièce sous un regard de leur chef. Les deux nouveaux vampires sont invités à pénétrer la salle, sous les gestes ‘encourageant’ du vampire mentor qui, lui, reste sur le pas de l’entrée.

Octarine termine son discourt et redresse lentement la tête. Le visage des deux nouveaux s’imprime sur le masque de verre qui recouvre sa face, s’y reflétant comme un miroir chahuté par l’orage qui sévit silencieusement en son intérieur.
Une voix caverneuse et masculine se fait entendre… sans que les autres membres présents autour de lui ne dévient d’un regard ou d’un visage.

« Qui pénètre ce temple d’une âme vierge de toute croyance… »

Il s’adresse sans nul doute aux deux nouveaux qui suivre Nero.

Poussé par la main encourageante de Néro, Olivier s’avance devant ce qui semble être, le responsable de ce rassemblement. Les fidèles s’écartent, regardent les nouveaux venu, un jugement neutre se lisent dans leurs yeux. Olivier s’arrête devant l’escalier du ‘’Maître’’.

N’ayant aucune manière, Olivier ne s’incline pas, ne prononce aucunes paroles gratifiantes et il se contente de fixer son interlocuteur. Un grognement se fait entendre dans la foule. Il ne bouge pas. Une main agrippe sa tête et l’oblige à pencher sa tête vers le sol. Il échappe Anna qui s’écroule sur le sol dans un gémissement. Une pointe de rage naquit dans l’estomac d’Olivier. Il comprend la frustration de sa sœur et tente de ne pas exploser à son tour. Mais l’instinct de survie prend le dessus. Il se tait.

« Qui pénètre ce temple d’une âme vierge de toute croyance… »

Face contre terre, la pression de sa tête se défait un peu, sa joue droite est en sang. Il ne regarde plus le maître de cérémonie. Il dit tout simplement :

-Je ne crois qu’en moi-même. Je n’ai pas de Dieu. Je n’en vois pas l’utilité.

Anna tremble et ouvre les yeux. Olivier la regarde et lui ordonne mentalement de ne pas bouger de là. Une tension se fait sentir dans la foule.

Nero laisse le jeune vampire le dépasser, cillant en posant son regard sur le maître de ces lieux. Il abaisse le visage en un signe de profond respect et de soumission, surtout. Sans se tourner vers ses compagnons il se fige, laissant Olivier et Anna se confronter à son seigneur.

Un déplacement de tissus attire son attention sur sa droite… voilà que l’un des membres de la secte impose le respect aux deux jeunes arrivant sans qu’aucun ordre ne lui soit donné. La carrure de la créature, en dessous de sa longue capeline noire, lui laisse deviner la présence d’Ortak… lui. La pointe de son fourreau si particulièrement décorée à la feuille d’or et gravée de multiples runes, ne laisse aucun doute.

La rage bouillonne dans le regard de Nero qui ne peut ni redresser le visage ni intervenir sous l’œil inquisiteur de son seigneur au moindre geste. Il reste figé, l’une de ses mains s’était machinalement apposée sur le pommeau de son révolver à sa ceinture, au flanc gauche.

Octarine baisse les yeux sur Olivier qui s’avance. L’intervention d’Ortak irrite le seigneur qui pose sur ce dernier un regard masqué par le verre nuageux qui recouvre son visage.
Ortark, figé dans son action de respect imposé aux deux vampires envers son maître, vient de commettre la plus grande des audaces. Son regard froncé par la colère se déplisse lentement et se redirige avec tremblement vers son seigneur. La capuche noire qui recouvre en partie son visage d’ombre retombe à sa nuque, dévoilant sa chevelure d’or et ses yeux azurs.

« Seigneur, je… »

Une voix torture son esprit, son visage se reflète sur le masque de son maître, alors que la tempête qui donne vie à cette face absente déchaîne l’esprit du garde forestier.
Lentement, ce dernier relâche prise et recule pour rejoindre son rang, l’esprit traumatisé pour le péché qu’il vient de commettre. Il se met à prier silencieusement, ne laissant que ses lèvres mimer quelques paroles qui n’émettent aucun son audible.

Après quelques lourdes secondes silencieuse, le visage masqué du seigneur s’abaisse sur Olivier puis Anna.

« Croire en soi n’est pas une foie qui vaut la peine de se battre pour la liberté des êtres et de ce monde entier… ce discourt de religieux est sans doute le plus courant. Sans Dieu, ton âme et celui de ta sœur sont voués au néant. »

Son visage de verre lisse se redresse vers Nero l’interrogeant d’une pensée…

« Si tu n’es pas prêt à nous suivre, ton sang nourrira la haine et l’amour qui emplisse ces lieux.
" Rien n'est vrai, tout est permis "… il n'existe aucune vérité objective en dehors de nos perceptions… par conséquent toutes choses sont vraies et possibles.
Le culte de mon seigneur et celui de tous… Tu as le choix de rejoindre le clan des Caïniste… ou mourir pour des valeurs qui te sont propres.
Ton âme doit suivre le chemin de l’épuration.
Notre culte chaotique diverge des chaotes simples. »

Anna respire lentement et tente de se faire passer pour inconsciente. Les yeux fermés, elle écoute. Olivier lui, fait face à un destin qui ne désirait pas. Il n’avait pas le choix. Suivre ou mourir. Comme dans les mauvais films qui se termine la plus part du temps mal.

-Je n’ai pas vraiment le choix…dit-il en serrant les poings. Je vais…Vous…suivre.

Olivier se rendit compte à quel point la liberté était importante. À partir de se moment, il se sentit emprisonné et lier par une force sens pareil au maître des lieux. Il relâcha on emprise sur Anna, qui se mit à bouger du même coup. Elle se leva et pris le visage de son frère entre ses mains. Et lui jeta un regard de dégoût et le gifla de toutes ses forces. Olivier fut propulsé sur un mur plus loin.

-Vous n’avez pas honte! D’obliger les gens à vous soumettre à votre loi!? Si nous ne voulons pas vous suivre, qu’es-ce que cela peut bien faire! Je ne m’embarque pas dans les problèmes des autres si je n’en ai pas l’envie! Alors pourquoi pas nous laisser partir sans faire d’histoire!? VOUS ÊTES UN LÂCHE!

Elle cracha par terre et défia Octarine du regard.

Le visage de la jeune femme se reflète sur le miroir aux reflets irisés du seigneur Octarine. Il l’observe, sans qu’une seule de ses émotions faciales ne soit visible pour tous.

« La violence dont tu fais preuve n’est que le résultat de ta peur… Ton outrage sera pardonné si tu arrives à la vaincre… »

D’un geste du visage, il ordonne à deux acolytes d’aider Olivier à se relever, tandis qu’il continue d’une voix sereine :

« Ton âme sera libérée si tu refuses. Si tu acceptes ton âme sera sauvée, comme ton frère..
Ton corps… sera affranchi ou trépassé.

La lâcheté n’est qu’un point de vue… Le lâche est celui qui ne sait et ne veux pas voir les réalités. Il les fuit… »

Il se penche légèrement vers la jeune femme, rapprochant son reflet d’elle-même :

« Qui fuit la réalité aujourd’hui ?… Celle qui fera demain et le jour suivant jusqu’à la fin des temps.
Tout bouge, les systèmes évoluent… à toi de les accepter et de vivre avec ton temps… ou de trépasser et rejoindre les morts que certains honorerons dans la peur et dans l'oublis. »

Ses longs doigts gantés effleurent la joue froide de la jeune femme :

« La beauté et l’intelligence t'ont été donnés. La vie t’a déjà été arrachée, tu as conscience de la mort et tu l’as vécu… Ne retente pas l’expérience… Je ne voudrais pas faner une fleure qui cherche l’amour et l’épanouissement.
Tu… mérites bien mieux que tout ça… »

Le seigneur s’est agenouillé vers la demoiselle, reflétant sur son masque miroir et doré quelques souvenirs enfouit et heureux, que seule la jeune femme peut percevoir.
Sa voix s’écoule doucement entre ses lèvres cachées :

« La vie t’as apporté tellement de joie… Pourquoi penser que tout ceci a pris fin… lorsque ta vie a basculé dans l’ombre. Tu peux prendre un nouveau départ et rester libre… »

Nero reste en alerte, puis se détend lorsque son seigneur prend le cas du garde chasse en main. Baissant à nouveau les yeux il reste calme, jusqu’à ce que la jeune femme bondisse pour faire valser son frère, à l’instant où la requête de son seigneur est acceptée.
Se dressant tel un ‘i’ il dégaine son arme à feu standard, la maintenant à bout de bras contre son flanc prêt à intervenir.

Un mouvement de visage d’Octarine lui ordonne d’intervenir pour le jeune homme. Acquiescent, en voûtant respectueusement l’échine, Nero se dirige d’un pas sûr vers le jeune homme, accompagné d’un autre membre de la secte.
Se penchant pour l’aider a se relever il écoute d’une demi oreille ce que son seigneur a à dire pour convaincre et persuader la demoiselle.